Des personnes chantant ensemble

Ateliers de chant dans les services psychiatriques

La force des peuples autochtones – Un chant pour l’âme

Pour

  • Personnes malades

Période

2011

La musique fait partie de la vie. Hélas, de nos jours, nous nous contentons souvent de l’écouter. Pourtant, chanter provoque un effet unique sur le corps, l’esprit et l’âme, surtout lorsque celle-ci est malade ou blessée. Depuis six ans, Christiane Feinen chante avec les patients du centre psychiatrique d’Ettelbruck. Ses ateliers de chant comptent aujourd’hui de nombreux aficionados. « Beaucoup de participants assistent depuis des années à mes séances de chant, certains viennent même de l’extérieur », explique-t-elle. « Nous reprenons généralement des chants archaïques des peuples autochtones, très liés à la terre et à la nature et compréhensibles de tous, quelle que soit la langue. »

Il ne s’agit pas seulement de chanter : des instruments artisanaux, tels que des bâtons de pluie, des crécelles, un tambour de l’océan ou une grenouille en bois sont aussi utilisés. Le début consiste en un salut au soleil, invisible derrière les nuages ce jour-là. Mais le chant ancien au soleil des Indiens nord-américains « KUATE-LENO LENO MAHOTE, HAYANO, HAYANO, HAYANO » le tire de sa cachette et suscite un premier sourire sur le visage des participants. Ceux-ci dansent autour du feu de camp au rythme de « HAYANO HAYANO », accompagnés par des crécelles et du tambour sur cadre de Christiane Feinen. Danser est ici explicitement autorisé et pour certains il ne faut pas le dire deux fois. Après le soleil vient la pluie, reproduite à s’y méprendre avec les crécelles de pluie et les tambours de l’océan. Tous éprouve un plaisir évident. Qui imite le mieux le son de la pluie ?

Des personnes chantant ensemble

La séance se poursuit avec l’eau – MATE AROHA –, via une vieille chanson du Sud, mélodieuse, calme et solennelle, évoquant la mer, les palmiers, la plage et les vagues. La mélodie ondule au gré du vent, chacun se perd dans ses pensées, laissant parfois échapper une larme de mélancolie. Le chant cérémonial de l’eau des Indiens d’Amérique du Nord est interprété sans instruments. « WISHITA TUJA…HEY » … Les participants frappent des pieds et des mains sur le rythme, tout doucement d’abord (la pluie ne forme encore qu’un petit ruisseau), puis de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’elle se transforme en fleuve impétueux et se déverse dans la mer.

Le chant « OM SHANTI OM », dédié à la paix, réchauffe instantanément les cœurs de sa mélodie calme et méditative, accompagnée du mantra « LOKA SAMASTA SUKINO BAVANTU ». Les participants chantent en canon – « Puissent tous les êtres être heureux » –, dans une atmosphère calme et détendue. La piste de danse est ensuite investie pour redonner de l’énergie : les rythmes africains de « BELE MAMA » véhiculent une joie de vivre à l’état pur qui se transmet aussi aux patients. Ils dansent en cercle, chantent, frappent des mains et font claquer leur langue, même si leurs rires ne facilitent pas la tâche. Avec « O LA MAMA », chant africain doux et solennel en hommage à toutes les mères, le calme et la concentration reviennent. La séance se termine et on se dit au revoir chaleureusement. « Nos patients sont toujours de meilleure humeur quand ils sortent de ces séances de chant », confie l’ergothérapeute Sylvie Neves.